Interview

Yann Cadart : « C’est dans la logique des choses de s’intéresser aux cargos à voile »5 min de lecture

  • voile de compétition

Interviews, Enquêtes, évènements incontournables et les actualités des adhérents d’Eurolarge Innovation… Tous les trimestres, la Bretagne Sailing Valley® News traite l’actualité économique et technologique de la voile de compétition bretonne. Découvrez ci-dessous l’interview de Yann Cadart, directeur général chez Lorima.

Arrivé il y a un an à la tête de Lorima, leader mondial de la construction de mâts en carbone composite, le directeur général Yann Cadart fait le point sur le développement de l’entreprise lorientaise, qui connaît une forte croissance, au croisement de la course au large, de la plaisance et du transport maritime à la voile. 

Quel a été votre parcours au sein de Lorima ?

J’y suis rentré il y a dix ans. D’abord comme stagiaire, j’ai ensuite fait du bureau d’études, avant de devenir responsable de production, puis directeur industriel pendant huit ans. Il y a tout juste un an, j’ai été nommé directeur général pour succéder à Vincent Marsaudon, désormais en charge du développement de l’activité composites au sein du groupe Wichard, dont Lorima fait partie depuis 2018. L’ intégration dans cette structure industrielle nous a permis d’avoir plus d’assise pour nous présenter sur des projets de grande croisière et d’être mieux accompagnés dans la structuration, sur le plan humain et organisationnel. Depuis cinq ans, Lorima est passé de 30 à 80 salariés ; soit une centaine de personnes sur site, en comptant la main-d’œuvre externe. C’est clairement un changement de dimension.

Sur quels axes s’appuie cette forte croissance ?

Nous n’avons pas forcément augmenté notre éventail de clients. Autour de notre principal outil de travail, un autoclave de 37 mètres de long, notre stratégie a été de créer de la récurrence auprès des chantiers de bateaux de croisière, afin de linéariser l’activité cyclique liée à la course au large, même si l’effet événementiel tend à s’effacer de plus en plus. Lorima réalise aujourd’hui environ 70 % de son chiffre d’affaires dans la construction d’espars de méga-yachts de croisière, ce qui nous garantit un rayonnement à l’international. L’un de nos principaux marchés, à côté, reste celui de la classe Imoca, dont Lorima est le fournisseur officiel depuis 2014 et qui connaît ces dernières années une forte croissance qu’on avait sous-estimée. Après la crise sanitaire, on s’attendait à un déclin, c’est l’inverse qui se produit. On a construit une dizaine de mâts en 2022, autant en 2023. Pour garantir de la bande passante pour ces projets, on a investi dans un deuxième moule qui nous permet d’augmenter notre capacité de production. On recrute aussi des opérateurs que l’on forme pour garantir la qualité de ces pièces techniques. En tant que fabricant, notre valeur ajoutée dépend de leur savoir-faire. En parallèle, nous continuons de travailler avec le CNRS sur un projet de télescope terrestre, qui s’inscrit aux prémisses de notre démarche de diversification.

Que représente aujourd’hui pour vous le secteur émergent du transport maritime à la voile ?

On s’investit de plus en plus auprès des nouveaux projets de cargos à voile, comme Twot et Grain de Sail. On croit en ces solutions pour favoriser, dans un avenir très proche, la décarbonation du commerce maritime. Au regard de notre expérience en matière de mâts de grande taille, il est dans la logique des choses de s’y impliquer de manière active. On vient de monter un atelier de 1 100 m2 spécialement dédié à ces projets. J’en ai confié la responsabilité à William Fabulet, de retour chez Lorima, pour gérer cette activité en parallèle. Dans la même logique, on a aussi rejoint le groupe d’actionnaires, réunis autour des Chantiers de l’Atlantique, dans le projet d’usine SolidSail Mast Factory qui, à partir de la fin 2024 à Lanester, produira les tubes en série des gréements SolidSail pour les Chantiers de l’Atlantique.

Quelles sont les perspectives à plus long terme sur ces marchés de la décarbonation ? Vous attendez-vous à une forte croissance ? 

Nous pensons qu’il peut y avoir une forte croissance de ce nouveau segment au vu des projets en cours d’études ou même en production. Notre objectif pour le long terme est de tenir un rôle dans le développement de ces solutions pour participer à l’accélération du processus visant à transporter de façon plus vertueuse. II y a aussi l’intérêt de rajouter une corde à notre arc dans un but de diversification. Mais cela ne veut pas dire que l’on souhaite être moins présent sur la course ou les projets de croisière. C’est pour cela que nous travaillons sur la stratégie avec le groupe Wichard afin de garantir notre capacité à préserver nos clients historiques de la course et de la croisière. L’objectif est bien de continuer à produire des mâts d’Imoca, de course ou de croisière, et de se stabiliser après une période où nous avons connu une forte croissance.

Crédit Photo : © Anne Beaugé / Lorima

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