Interview

Vincent Drévillon : « Notre expertise dans la course au large est primordiale pour nous ouvrir à d’autres secteurs »5 min de lecture

  • voile de compétition

Interviews, Enquêtes, évènements incontournables et les actualités des adhérents d’Eurolarge Innovation… Tous les trimestres, la Bretagne Sailing Valley® News traite l’actualité économique et technologique de la voile de compétition bretonne. Découvrez ci-dessous l’interview de Vincent Drévillon, directeur des programmes scientifiques chez Pixel sur Mer.

Spécialisée dans l’électronique embarquée et le traitement des données, Pixel sur Mer, basée à Lorient et Brest, connaît une forte croissance depuis quinze ans, avec un chiffre d’affaires en 2022 de 2,5 millions d’euros. Son directeur des programmes scientifiques, Vincent Drévillon, fait le point sur l’actualité de cette entreprise de 25 personnes, dont l’activité illustre la vitalité des transferts de technologies issues du nautisme de pointe vers d’autres secteurs.

En quoi consiste l’activité de Pixel sur Mer ? 

Nos équipes d’ingénieurs et techniciens pluridisciplinaires inventent, fournissent et installent des systèmes complets d’électronique embarquée. L’accès aux données est pour nous la clé de la performance et de la sécurité en navigation. Nos solutions de collecte et de visualisation de la donnée constituent ainsi la première brique qui permet à nos équipes de créer des solutions intelligentes et automatisées qui réinventent notre manière de naviguer. Aujourd’hui, nos solutions sont capables de faire voler les navires, d’éviter des collisions et des chavirages, mais aussi de faire gagner les plus exigeants des compétiteurs.

Quelles sont les grandes étapes de votre développement ? 

L’entreprise a été créée par Jean-François Cuzon, qui était navigateur-ingénieur électronique dans l’équipe de Michel Desjoyeaux à l’époque des multicoques Orma. Il a ensuite intégré le Défi Areva Challenge pour la Coupe de l’America et en 2008, il a fondé Pixel sur Mer, dont il est toujours le directeur, en travaillant d’abord sur l’intégration de systèmes à bord des Imoca. Progressivement, nous avons créé une solution fibre optique complète de mesure des contraintes permettant la surveillance des pièces structurelles du bateau : mât, coque, foils… Puis, nous avons identifié l’opportunité de créer un bureau d’études, d’une dizaine de personnes aujourd’hui, pour répondre aux nouveaux défis liés à l’émergence des foils. Nous avons commencé avec l’équipe Gitana, en 2017, avec laquelle nous avons travaillé sur un premier contrôleur de vol, dont nous sommes les pionniers.

En termes de produits, comment cette évolution se traduit-elle ? 

Elle s’illustre à travers les boîtiers Exocet, que nous concevons et fabriquons nous-mêmes. Notre première solution est une sorte de boîte noire permettant, à partir de notre technologie de collecte, visualisation et transmission, de monitorer un ensemble de données à bord et à terre. Nos systèmes gèrent jusqu’à 150 capteurs à bord d’un Imoca de dernière génération. La deuxième, c’est une centrale de navigation qui intègre le calcul du vent réel et les réglages custom, offrant une fonction de pilotage automatique avancée. Puis, nous avons sorti en 2021 le système adapté au vol, l’Exocet Gold, issu de nos développements avec les équipes Ultim. Notre spécificité, c’est d’avoir une gamme de solutions sur étagère – comme celle que nous fournissons à des Class40 ou aux bateaux de régates inshore lémaniques, les TF35, que nous équipons en série -, tout en continuant le développement des systèmes conçus sur-mesure.

Quelles nouvelles perspectives s’ouvrent à vous ? 

Plus qu’un laboratoire, la voile de compétition constitue notre ADN [elle représente 75% du chiffre d’affaires, NDLR]. Certains de nos ingénieurs ont la particularité d’avoir la casquette de navigants pour tester en mer nos équipements à bord des Imoca et des Ultim. Notre expertise de terrain dans la course au large est primordiale pour nous ouvrir à d’autres secteurs, que ce soit ponctuellement dans le domaine de l’aéronautique ou vers le transport maritime pour contribuer à l’émergence de navires intelligents, autonomes et durables. Aujourd’hui, on collabore sur un projet de bateau de 180 passagers en Norvège, motorisé sur foils. On travaille pour fournir toute la chaîne de briques technologiques afin d’en stabiliser le vol.

Et dans le domaine de la sécurité ? 

On porte le projet de consortium EXOS-2024, en réponse à un appel à manifestation d’intérêt entre le Pôle Mer Bretagne Atlantique et la classe Imoca, pour développer un système de détection et d’évitement d’obstacles en mer, dont les ofnis, avec l’ambition à terme de trouver une technologie de capteurs subsurface pour la détection des cétacés. Notre proposition centralise toutes les données issues du radar, de l’AIS, ainsi que des caméras Sea.AI (ex Oscar) pour générer ensuite une action automatique de consigne au pilote, stimulé pour suivre une trajectoire anti collision. On travaille avec l’objectif d’avoir une première solution pour le prochain Vendée Globe.

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