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Success story

SolidSail : le savoir-faire de 5 entreprises de la Bretagne Sailing Valley® condensé dans un mât de 66m6 min de lecture

Vendredi 9 décembre 2022, Chantiers de l’Atlantique ont levé le voile sur le premier mât géant de leur projet de voile rigide SolidSail, destiné à la propulsion par le vent des navires de croisière et de marine marchande. Cette structure de 66m de long montée et révélée à Lanester est le fruit du travail et de l’expertise en composite de 5 entreprises de la Bretagne Sailing Valley® : CDK Technologies, Lorima, Multiplast, la SMM (Société morbihannaise de modelage) et Avel Robotics. 

 

Des chiffres vertigineux pour une prouesse technologique

L’horizon se dégage toujours un peu plus pour la propulsion des navires par le vent. Vendredi 9 décembre 2022, un nouveau cap a été franchi avec la présentation du premier très grand mât commandé par les Chantiers de l’Atlantique. Les chiffres de ce prototype à échelle 1, assemblé et dévoilé à Lanester, sont éloquents et témoignent de la prouesse technique et technologique réalisée :

 

  • 66m de hauteur ;
  • 2m de largeur;
  • un poids de 20t;
  • peut supporter une voile de 1 500m²;
  • 20 000 heures de travail.

 

Cinq entreprises de la Bretagne Sailing Valley à bord du projet SolidSail

Ces 20 000 heures de travail nécessaires à cette prouesse technologique, c’est un consortium de 5 entreprises de la Bretagne Sailing Valley® qui les ont effectuées. Quatre sont basées à Lorient et une à Vannes. Signé en 2020, il regroupe l’expertise d’entreprises de la filière bretonne des composites hautes performances :

 

  • Lorima ;
  • Multiplast ;
  • Avel Robotics ;
  • CDK Technologies ;
  • SMM (Société morbihannaise de modelage).

 

“Ce projet est inhabituel et hors norme. Il fallait des compétences diverses et des capacités de production pour sortir cette pièce, indique Luc Talbourdet, président d’Avel Robotics. Aucun des cinq intervenants ne pouvait fabriquer le mât tout seul. L’idée était donc de s’unir pour répondre à ce projet plutôt que de ne pas pouvoir le faire individuellement et que le mât soit réalisé à l’étranger. Il faut bien se rendre compte de l’aspect exceptionnel du projet. La taille du mât représente le double de ce qui équipe la classe Ultim (35-38m).” Vincent Marsaudon, directeur du groupe Wichard, dont Lorima fait partie, et président de SMM prolonge : « La capacité à gérer des dossiers que l’on n’a pas habituellement chez CDK, Lorima et Multiplast a permis à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice et de répondre intégralement au projet. »

Équipant également les navires de la course au large, ces cinq entreprises ont mis en synergie et à profit leur savoir-faire en matière de voile de compétition et de course au large. « Les navires sont les Formule 1 des mers, insiste Luc Talbourdet. Nous sommes donc habitués à un haut niveau d’exigence de la part des teams en termes de prototypes. »

 

Retrouvez notre étude sur la filière industrielle dédiée à la propulsion des navires par le vent

La répartition du projet SolidSail

Durant ce projet, Lorima a fourni les tronçons de mâts en pré-imprégné autoclavé et a articulé le montage et la pose de l’accastillage.

Multiplast a, aux côtés des Chantiers de l’Atlantique, participé à la mise au point et au développement des voiles et des gréements des futurs paquebots dans le cadre de projets de recherche financés par la Région Bretagne et Golfe-du-Morbihan-Vannes-Agglo. Multiplast a ainsi réalisé les voiles prototypes qui ont permis de valider le concept de ces grands paquebots à voile.

Avel Robotics a conçu et fabriqué les deux manches qui permettent d’assembler les trois tubes du mât.

Spécialiste de la mise en œuvre des composites en carbone pré-imprégné, CDK Technologies a pris en charge la fabrication d’un tronçon de 24 mètres. L’entreprise réalise également la cuisson sous haute pression des principaux éléments du mât, grâce à son four.

Enfin, SMM a réalisé l’ensemble des outillages nécessaires au projet : moules de tubes et de manchons, châssis d’assemblage et outils d’aide au drapage. Son usine de 100m de long a permis d’assembler le mât.

Cinq autres entreprises de la Bretagne Sailing Valley apportent aussi leur pierre à l’édifice SolidSail : Ocean Data System, Awentech, Pixel sur Mer, Blew Stoub et GSea Design.

 

Une voile destinée aux navires de croisières et de transport de marchandise pour réduire les émissions de CO2

Ce mât du futur doit accueillir la voile SolidSail. Une voile 100% composite, performante et pliable. À terme, elle doit équiper et propulser le paquebot Silenseas, en cours de développement dans les entrepôts de Chantiers de l’Atlantique, ainsi que des cargos à voile. Cette voile et le mât composent le gréement Aeoldrive, totalement automatisé. Son balestron orientable à 360° et ses mâts inclinables à 70° doivent lui permettre de passer sous des ponts.

La propulsion vélique doit permettre aux navires de demain de réduire leurs émissions de CO2. À compter du 1er janvier 2023, les navires marchands devront calculer deux indicateurs : l’EEXI, indice de rendement énergétique des navires existants, et le CII, indice d’intensité carbone opérationnel annuel. L’Organisation maritime internationale (OMI) entend ainsi réduire d’au moins 40% l’intensité carbone de tous les navires d’ici 2030. Afin d’atteindre cet objectif, l’OMI intègre la propulsion vélique parmi les solutions envisagées. 

Selon Chantiers de l’Atlantique, SolidSail permettra de baisser les émissions de C02 de 25% à 40%.

 

Vers une industrialisation de la production

Cet engouement collectif doit se poursuivre dans le futur. “L’objectif est de réaliser une paire de mâts pour un bateau de transport et de signer d’autres commandes, avance Luc Talbourdet. L’avantage est que nous sommes les premiers à produire, à l’échelle 1, une solution vélique utilisable. Cela incite à passer commande. Notre but sera de répondre à la demande.”

Comment ? En passant par la case industrialisation de la production de ce type de mâts. “Une entité juridique doit être créée entre les cinq entreprises du consortium et Chantiers de l’Atlantique, indique Vincent Marsaudon. L’enjeu est de pouvoir compter sur un site dédié et robotisé pour répondre aux problématiques manuelles que l’on connaît, avec un recrutement difficile dans nos métiers.”