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Foil Racing Conférence, retour sur la 6è édition !6 min de lecture

Foil Racing Conférence : les foils ont leurs marchés !

La Foil Racing Conférence 2022, organisée par BDI dans le cadre du programme Eurolarge, a eu lieu le 4 juillet à la Cité de la Voile Eric Tabarly à Lorient. Retour sur cette sixième édition.

Une édition qui a débuté par une présentation, par Tanguy Le Bihan, fondateur de Foil & Co, du marché du foil en 2022. Un secteur qu’il divise en quatre catégories :

  • Professionnel : marchés militaires, catamaran électrique à foils de MerConcept, foiler à hydrogène pour la Coupe de l’America…
  • Racing : Ultimes, Imoca, flottes (SailGP, GC32, TF35, Moth, America’s Cup, séries olympiques, dériveurs…).
  • Plaisance : bateaux à moteur, foils électriques…
  • Glisse : windfoil, surf foil, wing foil, dont « le marché peut être estimé à 1 milliard d’euros par an assez rapidement. »

Tanguy Le Bihan a conclu son intervention en estimant que les enjeux principaux pour les professionnels du secteur vont être liés aux problématiques RSE, « avec l’augmentation du prix des matières premières et de l’énergie, la nécessité d’utiliser des matériaux plus durables, de produire moins de déchets et de de travailler dans des environnements sains. »

L’Imoca, marché poids lourd

Kévin Escoffier, vice-président de l’Imoca et skipper du nouveau PRB, a ensuite présenté un état des lieux de la classe en matière de foils. 43 paires ont, à date, été construites pour les Imoca, le prix d’une paire de foils varie de 400 à 550 000 euros, leur poids de 250 à 350 kilos, qui dépend notamment du mode de fabrication.

Le Malouin a ensuite détaillé la jauge en vigueur depuis un an qui limite, pour des raisons de coût et de résistance des mâts monotypes, la surface projetée du foil. Avec, cependant, une règle d’antériorité qui permet aux projets ayant construit des foils plus grands de ne pas être contraints d’en refaire de nouveaux. Le skipper de PRB évoque enfin la future jauge (qui sera adoptée avant le prochain Vendée Globe), et notamment la « grosse question : savoir si on met des plans porteurs sur les safrans. Cela changera forcément la forme et la position des foils. »

Des marchés maritimes encore balbutiants

La table ronde « Foils et transport maritime » a ensuite réuni Richard Forest (SEAir), Xavier Guisnel (VPLP Design) et Sébastien Gueho (GSea Design), qui ont présenté les projets de bateaux à foils de transport de passagers sur lesquels ils travaillent. Autant d’exemples de transfert d’un savoir-faire acquis dans l’univers de la voile de compétition vers des applications maritimes, synonymes de vitesse plus importante, de confort amélioré et de réduction de la consommation de carburant.

SEAir adresse ainsi le milieu militaire, avec un semi-rigide d’assaut de 20 mètres, pouvant transporter 15 personnes à 45 nœuds (autonomie de 700 milles) ; VPLP Design développe le Fast Foiling Ferry, bateau de transport à passagers, dont la version City (24 mètres de long) peut atteindre une vitesse de croisière de 35 nœuds ; GSea Design est associé au projet norvégien Zero Emission Fast Ferry, également navire de transport à passagers (180 PAX) qui entrera en production en 2024. Le cabinet spécialisé dans le calcul a été approché pour son expérience en matière de foils : « On a tellement défriché, dérisqué et fiabilisé qu’on peut apporter nos solutions à des acteurs industriels », raconte Sébastien Gueho. Reste que, de l’aveu des trois intervenants, les marchés visés restent encore « balbutiants », pour reprendre l’expression de Richard Forest.

Des dériveurs pour rendre le foil accessible

Une deuxième table ronde, baptisée « Quel support de voile légère pour initier et démocratiser le foiling ? », a ensuite présenté plusieurs supports existants de dériveurs à foils pour 2 ou 3 équipiers, destinés aux écoles de voile et aux particuliers. A l’instar du Birdy Fish, développé par la société du même nom, dont le président, l’ancien figariste Pierre Rhimbault, annonce 40 exemplaires vendus d’ici la fin de l’année, et espère  en produire le double en 2023 (de 18 200 à 20 200 euros HT), signe de l’existence d’un réel marché.

Quant au Gerys 4.7, il en est au stade du prototype : conçu par Raphaël Censier et son frère, il a pour objectif, selon le premier, de « naviguer entre 0 et 25 nœuds » grâce à un système de rétractation des foils (prix prêt à naviguer : 25 600 euros TTC). Son architecte ne cache pas suivre le sillage du Birdy Fish qui défriche le marché depuis trois ans, tandis que Pierre Rhimbault estime que la présence de concurrents valide l’existence d’un marché.

Présent à cette table ronde, Valentin Sipan, membre de l’équipage de Groupe Atlantic, présente quant à lui le 69F, davantage destiné aux teams professionnels, sur lequel il navigue cette saison, participant à un circuit international, la 69F Cup. Doté de deux foils et d’un safran élévateur, ce monocoque décolle à partir de 8 nœuds de vent au portant, 11 au près et « peut facilement monter à plus de 30 nœuds. » Le prix ?  200 000 euros HT.

Du travail pour les chantiers, mais des enjeux de recrutement

Cette Foil Racing Conférence s’est achevée avec une dernière table ronde « Construire des foils de course : le point avec les fabricants », réunissant des acteurs majeurs du marché : Yann Penfornis (Multiplast), Yann Dollo (CDK Technologies), Adrien Marchandise (Avel Robotics) et Jean-Marie Buignet (C3 Technologies). Tous, notamment les deux premiers, dont le cœur de métier était au départ la construction de bateaux, s’accordent à dire que, pour reprendre les mots de Yann Dollo, le marché du foil, « est devenu un vrai relais de croissance. »

Ces experts, qui voient passer la quasi-totalité des commandes de foils d’Imoca et d’Ultimes, ont évoqué les avantages et inconvénients des différents procédés de fabrication, “hors plan” et “dans le plan”, Adrien Marchandise présentant la technologie spécifique de construction par robot de placement de fibre. Ils ont également raconté les exigences croissantes des équipes, à la fois en précision de géométrie et en qualité, ainsi que les enjeux majeurs du recrutement et, de plus en plus important, de l’approvisionnement en matières premières.

La conclusion d’une matinée dense et riche autour du foil, par la variété des sujets et des intervenants. Rendez-vous l’année prochaine pour la 7e édition !

Un événement en partenariat avec la Région Bretagne, Audelor, Lorient Agglomération et la Cité de la Voile Eric Tabarly

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