VPLP Design / Alwena Shipping / MerConcept
Enquête

Comment les foils aident à la décarbonation du transport maritime5 min de lecture

Interviews, Enquêtes, évènements incontournables et les actualités des adhérents d’Eurolarge Innovation… Tous les trimestres, la Bretagne Sailing Valley® News traite l’actualité économique et technologique de la voile de compétition bretonne. Découvrez ci-dessous l’enquête dédiée à la décarbonation du transport maritime grâce aux foils.

Coupe de l’America, Vendée Globe, trimarans océaniques, catamarans de sport, kitesurf, wingsurf… Les foils sont partout et font voler une multitude d’engins à voile sur tous les plans d’eau du monde. Des appendices qui contribuent également à accélérer la transition écologique dans le transport maritime. Tour d’horizon des projets en cours au sein de la Bretagne Sailing Valley.

Avec ses trimarans de 72 pieds montés sur foils, la Coupe de l’America 2013 aura constitué un tournant majeur dans l’histoire de la voile de compétition qui s’est, depuis, largement convertie au vol, que ce soit entre trois bouées ou au large. Les supports à foils se sont multipliés depuis et d’autres univers et acteurs se sont peu à peu intéressés à une technologie qui, en plus d’être synonyme de performance et de sécurité, a un vrai rôle à jouer pour accélérer la transition écologique.

C’est notamment le cas de l’entreprise lorientaise SEAir qui, après avoir testé les foils sur un Mini 6.50, a développé une gamme de semi-rigides également dotés d’appendices. ”Les progrès techniques réalisés ces trente dernières années, au niveau des matériaux, dans la puissance de calcul des ordinateurs et de l’électronique, nous ont convaincus de la pertinence de remettre le concept d’hydrofoil au goût du jour sur ce type de bateaux”, explique Richard Forest, fondateur de SEAir. Pneumatiques (de 5 à 7,65 m) et bateaux rigides composent aujourd’hui la gamme SEAir qui, en plus de permettre de réduire considérablement la consommation de carburant (entre 20 et 50%), offre des gains de confort considérables à vitesse élevée (de 50% à 70% de chocs en moins sur une mer formée). Au point de susciter aujourd’hui les convoitises du monde militaire.

Miser sur les performances du foil dans un objectif de décarbonation est aussi le pari du Fast Foiling Ferry – ou « F Cube », un projet d’envergure sur lequel travaille VPLP Design : un catamaran de 30 mètres de long dédié au transport de passagers. Supporté par des foils, ce navire a été imaginé pour naviguer à 40 nœuds en vitesse de croisière, avec une consommation réduite jusqu’à 40% par rapport aux carènes archimédiennes. ”Nous avons commencé à travailler sur ce projet fin 2019, avec Alwena Shipping, une société experte dans les bateaux de travail, avec laquelle on a développé un premier concept de plateforme volante. L’idée est de concurrencer l’hélicoptère pour les rotations d’équipages dans l’offshore”, explique Simon Watin, président de VPLP Design.

L’agence d’architecture navale, qui cherche à transposer dans le transport maritime son savoir-faire développé en course au large, a été rejointe à l’automne dernier sur ce projet par MerConcept : la structure concarnoise de François Gabart prend en charge la conception des systèmes de commandes électroniques et mécaniques des foils. “Ensemble, nous travaillons sur la déclinaison du concept pour du transport urbain sur un format plus petit (24 mètres) et une vitesse de service plus faible d’environ 30 nœuds. Pour les zones densément peuplées, on envisage d’équiper ce catamaran d’un moteur électrique fonctionnant à l’hydrogène”, ajoute Simon Watin qui estime que ces navires à passagers pourraient être opérationnels en 2024. ”C’est raisonnablement optimiste. Tout le challenge consiste aujourd’hui à pousser suffisamment le concept pour stimuler une première commande de ce bateau volant imaginé pour les agglomérations maritimes.”

Dans cet univers des nouvelles mobilités urbaines, un autre projet prend chaque jour un peu plus forme, apportant la promesse, grâce à des foils également couplés à une propulsion hydrogène, de « zéro vague, zéro émission, zéro bruit » : les SeaBubbles, petits bateaux-taxis pouvant accueillir huit personnes. Bien que développés sur les rives du lac d’Annecy, ils portent en bonne partie les couleurs de la Bretagne Sailing Valley. Le chantier Multiplast vient de livrer le premier prototype de la cabine à son client (un deuxième le sera en avril), tandis qu’ Heol Composites en fabrique les foils.

Pour la partie navale, on s’est logiquement tournés vers des entreprises bretonnes. On ne perd pas de vue que ces capsules d’innovation restent avant tout des bateaux avec des questions de stabilité, d’écoulement d’eau ou encore d’amarrage au quai”, justifie Jean-Marie Nicot-Bérenger, directeur général de SeaBubbles. Qui ajoute : ”Notre premier objectif n’est pas de courir après la vitesse, mais d’économiser de l’énergie. On inverse donc la formule des foils pour tendre vers de la frugalité de haute technologie sur des petites distances.”

Crédit Photo : © Giorgio Vecchio / VPLP Design / Alwena Shipping / MerConcept

 

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