© Benjamin Muyl
Interview

Benjamin Muyl : « Meta est au niveau des meilleurs simulateurs de la coupe ! »4 min de lecture

Interview de la Bretagne Sailing Valley® News

Interviews, Enquêtes, évènements incontournables et les actualités des adhérents d’Eurolarge Innovation… Tous les trimestres, la Bretagne Sailing Valley® News traite l’actualité économique et technologique de la voile de compétition bretonne. Découvrez ci-dessous l’interview de Benjamin Muyl.

Connu notamment pour ses nombreuses collaborations avec Guillaume Verdier (Imoca, 100 pieds Comanche, Emirates Team New Zealand…), l’architecte Benjamin Muyl, installé à Auray, mène en parallèle sa propre activité. Avec son équipe, il a consacré les deux dernières années à l’élaboration de Meta, une suite logicielle dédiée à la simulation des bateaux de course, notamment à foils. Explications.

 

On connaissait les VPP, programmes de prédictions de vitesse. Qu’apporte Meta dans le contexte actuel ?

Jusqu’à un passé récent, les VPP représentaient en effet l’état de l’art. Leur vocation était d’optimiser la performance du bateau, mais en statique uniquement : mer plate, vent établi, etc. L’arrivée des bateaux volants a nettement accéléré la réflexion sur le besoin d’une prédiction de performance en dynamique. C’est pourquoi les teams de la Coupe de l’America ont développé des outils qui leur sont propres. Suite à notre première campagne avec Ineos [le défi britannique, NDLR], nous nous sommes lancés de notre côté. Meta, c’est à la fois un simulateur (« Sim ») qui immerge le skipper dans un environnement virtuel, mais aussi un simulateur sans marin (« Cruise »), où le marin est remplacé par un pilote automatique pour gommer ses biais cognitifs. S’ajoutent à cela plusieurs briques dont une baptisée « Motion » qui propose de l’optimisation de trajectoire : chaque manœuvre – un virement, une abattée… – est décomposée en une suite d’actions. Pour chacune d’elles, le logiciel donne sa meilleure solution pour accroître la performance, en vitesse, en trajectoire, ou sur tout autre critère, tel que l’énergie dépensée, par exemple.

C’est donc un logiciel qui est au carrefour des besoins des navigants et des architectes ?

Oui, c’est un outil d’entraînement pour les marins, avec tout le champ qu’ouvre la réalité virtuelle, comme la possibilité de dialoguer avec la machine et de rejouer la partie. Mais pour nous, Meta est un outil de calcul et il permet de répondre à des questions fondamentales, compte tenu de l’évolution des performances et des technologies, telles que : « Le bateau que l’on conçoit va-t-il être contrôlable ? », « Quelle sera sa performance en conditions non statiques ? »

Sur la dernière Coupe, vous étiez concurrents de Guillaume Verdier qui travaillait pour Team New Zealand. Vous êtes-vous retrouvés sur ce projet ?

On s’est émancipés, mais on n’est pas fâchés ! Bien au contraire puisqu’on travaille ensemble actuellement sur un nouvel Imoca, après avoir planché en commun sur un char à voile de record. Guillaume a d’ailleurs partagé les coûts de développements de Meta qui est un projet ambitieux. Ça nous a pris deux ans de travail avec mes trois collaborateurs, Nedeleg Bigi, Antoine Guillou et Thomas Berrod que je tiens à citer. Nous sommes aujourd’hui arrivés à une phase où nous pouvons envisager la vente de licences pour les équipes intéressées. Nous avons commencé à nouer des contacts.

Un tel investissement peut-il être rentable sur un marché aussi étroit ?

On a d’abord développé Meta pour nos propres besoins, pour être autonomes. Mais à l’usage, on s’est rendu compte qu’il était utilisable par d’autres et très performant. J’ai plaisir à penser que la plateforme est au niveau de ce que les équipes ont développé pour la Coupe. C’est d’ailleurs, je pense, une bonne carte de visite pour la prochaine campagne, dont les recrutements sont imminents. Et puis au-delà de la course, qui reste en effet un petit marché, Meta peut intéresser tous les foilers : on voit bien que les foils se développent aussi bien sur les semi-rigides que sur les transports de passagers ou bientôt sur des cargos.

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