Crédit C.Gregory - Ineos Team UK
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[Retour sur] Visios-cafés #3 – Le bilan technique de la première édition de la Coupe de l’America en AC754 min de lecture

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  • voile de compétition

Eurolarge Innovation a proposé en avril un visio-café Bretagne Sailing Valley® pour dresser le bilan technique de la Coupe de l’America avec l’architecte Guillaume Verdier, membre du design team du vainqueur de la 36e édition, Emirates Team New Zealand, l’ingénieur Dimitri Despierres, chargé des systèmes qui faisait partie du design team d’American Magic, et Gautier Sergent, directeur général de North Sails France et membre du design team d’Ineos Team UK.

Visio-Café #3 :« Le bilan technique de la Coupe de l’America, retour sur la première édition en AC75 »

Les trois intervenants ont commencé par dresser un bilan global positif de cette 36e Coupe de l’America marquée par une nouvelle jauge de bateau qui en avait laissé plus d’un sceptiques au départ et qui aura finalement donné lieu à « une Coupe assez accrochée, avec plus de match-racing que ce qu’on avait sûrement tous anticipé », selon Dimitri Despierres. « On n’était pas très sûrs que ça marcherait et la magie du match-racing a eu lieu », résume Guillaume Verdier.

Chacun dans son domaine explique ensuite les principales difficultés auxquelles il a fait face : l’architecte parle de « la mécanique des foils, hyper compliquée » et de « l’infinité de solutions au point de vue gréement », ajoutant : « Une fois qu’on part dans une voie, il faut aller au bout. » Gautier Sergent confirme, évoquant « la complexité de trouver un équilibre, au niveau du gréement, hybride entre une aile et une voile ». Et le patron de North Sails France d’ajouter : « On pouvait soit faire une aile simplifiée soit faire une voile sophistiquée. »

Du côté des systèmes, Dimitri Despierres souligne que, côté foils, « Le challenge était de développer un système performant pour la stabilité du bateau en vol, mais aussi de faire entrer ces systèmes dans une enveloppe la plus petite possible pour diminuer la traînée des appendices. » L’ingénieur d’American Magic aura en tout cas trouvé « très jubilatoire de défricher une nouvelle jauge ». Ce qui a poussé tous les teams à aller au-delà de leurs limites, aux dires de Gautier Sergent : « On a remis l’innovation dans la Coupe, c’est un peu son rôle, on a tous fini sur les rotules, l’intensité de cette édition a été incroyable. »

Guillaume Verdier a d’ailleurs été impressionné par la capacité des différents groupes d’un même défi à s’accorder pour finir par « jouer un morceau de musique qui se déroule sans fausse note », même s’il confie sa préférence pour des équipes plus petites, notamment au début du process de design : « Ce qui est très important, c’est de concevoir en petits groupes réduits et ensuite de déléguer. » L’architecte français rappelle le rôle clé joué par les navigants : « On parle beaucoup de design, mais les marins ont été extraordinaires, leur faculté à comprendre les difficultés techniques a été une grande clé de la performance, il y a eu un échange très horizontal au sein de Team New Zealand. »

Dimitri Despierres met également en avant « le facteur humain, encore très présent », expliquant : « On arrive avec des groupes et des cultures différentes à amener les choses à une maturité assez exceptionnelle, je trouve que cette émulation est vraiment extraordinaire. » 

Ce dernier, interrogé sur l’innovation majeure de cette 36e Coupe, évoque « le simulateur, un outil qui a montré une capacité de faire gagner du temps au niveau du design mais a aussi permis à plein de groupes de travail différents de parler entre eux ». Guillaume Verdier retient le rôle joué par « l’acquisition de données », qui a notamment permis aux équipes de « regarder ce qui se passait sous l’eau, avec parfois une grosse différence entre la réalité et ce qu’on imaginait. » 

Dans le domaine des voiles, Gautier Sergent estime que « le concept de double peau a fonctionné » et que cette Coupe aura été très riche d’enseignements pour les fabricants : « Sur cette édition, nous avons dû faire face à des contraintes de masse avec des charges très élevées, ça nous a poussés à réfléchir à de nouvelles solutions au niveau des structures de voiles. Ces réflexions, on pourra les appliquer sur d’autres bateaux rapides, comme les Imoca et les Ultim. »

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