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Success story

Propulsion par le vent : un horizon toujours plus dégagé avec les premières liaisons du cargo Canopée 5 min de lecture

La filière propulsion des navires par le vent a connu une nouvelle étape significative dans son développement avec les premières liaisons effectuées jusqu’en Guadeloupe par le cargo Canopée. Développé par l’entreprise Zéphyr & Borée, le navire transportera le futur lanceur de la fusée Ariane 6. Avec Nils Joyeux, président cofondateur de Windcoop et de Zéphyr & Borée, nous avons fait le point sur l’avancement de la filière vélique, à la suite de ces premières traversées réalisées au lendemain des fêtes 2022.

 

Canopée, le premier cargo à voiles de la filière vélique

121m de long. 10 000 tonnes. Les chiffres donnent le tournis et le ton de la prouesse technologique réalisée par les équipes de Zéphyr & Borée et du bureau d’études VPLP sur la conception du Canopée, le premier cargo à voiles à prendre la mer. Ce navire à propulsion vélique destiné à transporter le lanceur de la prochaine fusée Ariane 6 a effectué sa première traversée jusqu’en Guyane. Le bateau a été livré en fin d’année 2022. Son chargement a été fait le 31 décembre. Le navire a pris la mer le 1er janvier pour son premier aller-retour en Guyane dans le cadre d’une mission pour ArianeGroup.

 

Cette première liaison transatlantique s’est cependant faite sans les voiles destinées à propulser le Canopée. Toujours en phase d’assemblage et de calibrage, elles seront livrées au premier trimestre 2023. Développées par la société Ayro Oceanwing et d’une surface de 363m² chacune, elles emporteront ce navire roulier à une vitesse de 17 nœuds. En fonction de la vitesse du voyage, sa propulsion éolienne aboutira à une réduction des émissions de CO2 d’environ un tiers.

 

La propulsion par le vent, de l’utopie au concret

Cette première liaison Europe-Guyane du Canopée revêt une étape significative pour le développement de la filière des navires à propulsion par le vent. “Il y a encore cinq ans environ, parler de transport à la voile paraissait assez utopique. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans l’utopie mais dans la concrétisation des projets, avance Nils Joyeux, président cofondateur de Windcoop et de Zéphyr & Borée. Le Canopée a été livré, le deuxième navire de Grain de Sail est en construction, les navires de TOWT sont en chantier et Neoline a annoncé la construction de navires.”

 

Une multiplicité des projets qui témoigne d’une prise de conscience des acteurs maritimes sur les avantages de la propulsion vélique, tant du point de vue écologique qu’économique. “Il est clair pour tout le monde que l’utilisation du vent et de la voile sera inévitable pour le transport maritime. Au départ, installer des voiles sur des navires de cette taille traduisait un aspect écolo ou militant. Aujourd’hui, économiquement, cela devient rentable. Je suis entièrement convaincu que d’ici 5 ou 10 ans, il y aura beaucoup de projets de navires à voile. C’est un début de transition énergétique et technologique fascinant.”

 

Et de ce train des transitions par la propulsion éolienne, la France semble être la locomotive. “Il y a des projets en Europe, mais 80% d’entre eux sont concentrés en France. Elle est leader sur le sujet de la propulsion vélique.” Un statut de figure de proue qui pourrait s’avérer avantageux pour les années à venir. “L’Organisation maritime internationale (OMI) durcit sa réglementation. Tous les cargos devront verdir leur propulsion. Des solutions existent, comme les fiouls de synthèse à hydrogène, mais elles sont coûteuses. Je suis convaincu que tout le monde va devoir se tourner vers les voiles car cela sera extrêmement rentable. Le marché de la propulsion par le vent va exploser. J’aimerais qu’il y ait une prise de conscience politique afin que cette filière soit soutenue au maximum. Avec son leadership, la France a un coup à jouer dans les années futures.”

 

L’air de la Bretagne, favorable au recrutement

Pour assumer ce rôle, la France peut s’appuyer sur la Bretagne et son environnement propice au développement des filières maritimes. Notamment pour la propulsion par le vent, pour laquelle une étude réalisée par BDI avait révélé l’existence d’une filière bretonne. “Cette région dispose d’un écosystème et d’une expertise qui sont précieux pour les domaines de la voile et du maritime.”

 

Découvrir l'étude sur la filière Propulsion par le vent

 

Outre cet environnement porteur pour ces filières, la Bretagne jouit d’une cote de popularité pour les actifs attirés par un changement d’air. Zéphyr Borée espère pouvoir s’appuyer sur le cadre breton afin de poursuivre sa croissance à Lorient en recrutant une trentaine de personnes sur les deux années à venir. “Être en Bretagne et notamment à Lorient nous facilite la vie en termes de recrutement. Il est presque plus facile de recruter à Lorient et ses alentours qu’à Paris, Marseille ou Lyon. C’est un endroit vraiment attractif. L’idée d’emménager sur Lorient ou en Bretagne aide au recrutement.”

 

Cap sur la coalition des chargeurs pour Zéphyr & Borée

Zéphyr & Borée pourra s’appuyer sur ces futurs collaborateurs pour mener à bien les futurs projets sur lesquels l’entreprise se positionne. Notamment celui de la coalition des chargeurs. Ce groupe de 11 entreprises, dont Ikea, Michelin, L’Occitane ou encore Hennessy, s’est constitué afin de décarboner ses transports. Zéphyr & Borée a remporté à l’été 2022 l’appel à projets lancé par ce consortium. Il a pour objectif de mettre en place, à horizon 2025 “deux lignes transatlantiques de porte containers mises en service entre la France, la Belgique et les États-Unis”.